Après un passage de la frontière assez laborieux, 45 km de descente nous attendent. Nous pensions que ce serait une partie de plaisir, mais c'était sans compter qu'à 4700 m d'altitude, il fait froid, et ce jour-là souffle un vent glacial, digne de la bise franc comtoise. De plus, nous avons perdu un écrou de la roue de mon vélo lors de la traversée du sud Lipez, ce qui m'oblige à rouler très prudemment pour éviter de casser l'axe de roue. De toute façon, malgré nos doudounes, bonnets, gants et écharpe, nous avons froid. Tous les 5 km, on fait une petite halte pour se réchauffer les doigts.

Devant nous, s'étend l'immense désert d'atacama, l'un des déserts les plus secs du monde. Au milieu, une coulée verte: un río, des arbres et une petite ville. C'est San Pedro de Atacama.


Le temps ne ralentit pas pendant ce temps là, et la nuit nous tombe dessus avant que nous ayons atteint la ville. On a enfilé nos gilets jaunes et mis nos lampes frontales clignotantes. Il ne faut pas traîner. Reste 10 km jusqu'à la ville. 

C'est à ce moment la qu'on croise une voiture qui descend aussi. Puis elle fait demie tour et s'arrête à notre hauteur pour nous demander si nous allons bien et nous proposer de nous déposer en ville. C'est ainsi que nous faisons connaissance avec Hernán et Rodrigo. On est tellement content qu'on accepte leur aide. Ils nous déposent juste devant l'hôtel camping. Ouf, nous voilà arrivés !

On installe le camp. On se prépare la dernière soupe lyophilisée qui nous reste et au lit. On a besoin de repos.


Le lendemain, On est tout heureux de retrouver Stefie, la cycliste rencontrée lors du passage de la frontière. Elle est arrivée plusieurs heures avant nous, après avoir dévalée la descente à près de 70 km/h!!!


L'hôtel-camping de la casa del sol nacimiento est très sympa. 

Une grande salle commune avec des tables, un coin lecture et un coin télé. Une cuisine partagée. Deux tables extérieures avec des canapés pour lézarder et discuter. Et une table de ping-pong ! Il n'en faut pas plus pour qu'on se sente bien et qu'on décide de rester un peu. Après 8 jours roots dans le désert de sel et le sud Lipez, on a besoin de repos et d'un peu de confort.

Et puis, le coin est fantastique. Nichée au milieu du désert, la ville est le point de départ pour de nombreuses excursions.


Il nous faut d'abord faire réparer mon vélo. Hernán nous a indiqué un réparateur en ville. On lui confie mon vélo. Il va démonter la roue pour voir si l'axe et le moyeux ne sont pas abîmés. 

On récupère le vélo le lendemain. Tout va bien. Il a graisse l'axe et trouvé un nouvel écrou. C'est reparti!

On va pouvoir aller découvrir la Vallée de la lune, de La Muerte et la forteresse de Quitor.


Soirée pizza à l'hôtel voyage

Un soir, Hernán nous invite pour une soirée pizza dans l'hôtel où il travaille. 

L'hôtel est encore en chantier. Plus qu'un hotel, c'est surtout un lieu atypique, avec de belles chambres dortoirs en terre et paille, une cuisine partagée, un immense jardin très arboré et deux cabanes en forme de sphère avec possibilité d'observer les étoiles par le toit.

Dans un coin du jardin, une grande table, des bancs et un foyer dans le sol. On allume un bon feu pour faire des braises. Pendant ce temps, certains préparent les pizzas, puis on prélève des braises avec une pèle pour le barbecue et on y met à cuire les pizzas.

Accompagnées d'un petit vin chilien, c'est un délice.

Nous passons une très belle soirée, autour du feu, à faire connaissance avec nos hôtes et leurs amis.


La forteresse (pujará) de Quitor, son mirador et la rencontre avec Madeleine et Tristan

A 3 km au Nord de la ville, se trouve le site archéologique de la Pukara de Quitor. Cette ville-forteresse fut construite par les atacamenos, environ à la même époque que l'occupation inca. Ces Deux peuples ont cohabité pendant plusieurs siècles, jusqu'à l'arrivée des conquistadors. Les espagnols ont alors asservi les atacamenos aprés qu'ils aient résisté plus de 20 ans. 300 guerriers furent assassines et decapites en exemple. 

Aujourd'hui, un mémorial est présent en bas de la forteresse et l'on peut encore voir les fondations des habitations du village en Adobe.

De là-haut, depuis le mirador, on découvre les paysages fabuleux du désert, du canyon de la vallée de la muerte et la chaîne de montagnes et volcans marquant la frontière avec la Bolivie.

La vallée de la mort, comme son nom l'indique, n'est pas très hospitalière... l'érosion de la pluie combinée à l'effet du vent, ont creusé la terre et la roche. Pas la moindre trace de verdure ni de vie. C'est beau vu du haut, on dirait une carte en relief, mais nous n'avons pas tellement envie de nous y aventurer.

C'est au cours de cette balade, que nous rencontrons Madeleine et Tristan. Eux aussi admirent la vue, attendant le soleil couchant. Ils parlent français et viennent de Sion, dans la région du Valais, en Suisse. Ils sont très sympas. On décide de se revoir dans la semaine.


La vallée de la lune

1ère tentative

Un matin, on se lève un peu plus tôt pour partir découvrir la vallée de la lune. Ce matin-là, le vent souffle. On enfourche nos vélos et on pèse fort sur les pedales pour atteindre l'entrée du site. Au loin, le vent soulève des nuages de sable du désert. Malheureusement nous ne pourrons pas entrer. Le site est dangereux dans ces conditions. On se contente du musée de l'entrée qui présente la géologie très particulière du lieu, ainsi que quelques explications sur l'exploitation du sel gemme du désert.


2eme tentative

Quelques jours plus tard, le temps étant plus clément, nous partons à nouveau pour la vallée de la lune. Cette fois, pas de vent, mais il fait très chaud. Les enfants peinent sur la route sableuse. Nous n'arriverons qu'à midi à la grande dune. Aprés une petite pause casse-croûte, nous voilà d'attaque pour grimper là d'une et découvrir les fabuleux paysages. Le chemin serpente tranquillement, contournant la dune, atteint la cime. De la, on peut longer la crête et s'avancer vers la vallée lunaire. Les enfants se sont posés en haut de la dune, jouant avec le sable fin et doux, tandis qu'Olivier et moi avançons, attirés toujours plus loin par le décor.

Il serait plus rapide de redescendre au droit par la dune, mais elle est protégée. Il était possible auparavant de descendre en surf!

Un peu plus loin, nous découvrons les montagnes aux formes d'anticlinal ou de sinclinal. Un vrai cours de géologie. Puis les vestiges de mines de sel, abandonnes depuis bien longtemps.

Il est temps de rentrer. Après la chaleur de la journée, le soleil décline. Olivier reste faire des photos, profitant de l'heure où s'éveillent les ombres.


L'ALMA et le musée de la météorite 

Le désert d'Atacama étant l'un des plus sec et moins nébuleux du monde, c'est un lieu particulièrement apprécié pour l'observation du ciel. 

Amateurs et professionnels des météorites y trouvent une riche matière pour alimenter leurs recherches et la compréhension de la formation des étoiles et des planètes. On trouve d'ailleurs à San Pedro le musée de la météorite, passionnant, où l'on apprend beaucoup et où l'on peut soupeser des météorites. Leur densité est si grande que la moindre petite météorite est difficile à soulever.

Au cœur du désert, se trouvent plusieurs télescopes :

le VLT: immense télescope optique 

L'ALMA: centre de recherche muni de 66 radiotélescopes

Olivier s'était renseigné en avance et nous avions réservé des billets pour visiter dimanche 16 juin. Seul hic, les enfants avaient leur place mais nous, nous étions sur liste d'attente.

Tout excités, nous nous levons tôt pour arriver en avance, espérant pouvoir ainsi entrer.

Tout est très bien organisé, le bus est déjà la. On patiente. Ceux qui ont leurs places montent les premiers. Puis la guide compte les gens sans billet et nous annonce que nous pourrons tous monter. On est super content!

Et nous voilà en route pour l'ALMA, dans un beau bus climatisé flambant neuf!


Mais qu'est-ce que c'est que l'ALMA me direz vous?

Et bien c'est un centre de recherche astronomique où travaillent près de 250 astrophysiciens du monde entier. Les US, le Japon et l'Europe ont investi dans des radiotélescopes qui sont mis à la disposition des équipes de scientifiques qui en font la demande.

Avec ses 66 télescopes, C'est actuellement la plus grande installation du monde. Il est possible d'utiliser tout ou partie des télescopes, selon les observations choisies.


À quoi sert des radiotélescopes?

Les radiotélescopes ne permettent pas d'observer l'univers et ses composants de façon optique, mais sont plutôt des sortes " d'oreilles " qui permettent d'écouter les fréquences émises par les étoiles, les planètes, les galaxies mais aussi des sources encore très mystérieuses pour nous, comme les trous noirs. On arrive ainsi à observer des étoiles, des planètes ou des galaxies encore en formation. Pour mieux comprendre ces phénomènes, Les équipes travaillent notamment sur les zones sombres de notre galaxie, qui sont des zones en création.


En Mars dernier, pour la première fois, a été publiée une image d'un trou noir situé à environ 55 années lumière de nous. Pour parvenir à ce résultat, des équipes du monde entier ont utilisés différents radiotélescopes situés en différents points du globe, notamment l'ALMA, ont collecté des données puis les ont analysé pendant plusieurs moisen les synchronisant.

C'est ainsi que nous avons pu "voir" à quoi ressemble un trou noir, confirmant ainsi les hypothèses des scientifiques notamment la théorie de la relativité d'Einstein.

Au centre de notre galaxie, plus proche mais beaucoup plus petit, se trouve également un trou noir. Les équipes espèrent obtenir une image dans les prochains mois... affaire à suivre...


Le salar d'Atacama, lagune de Terenchique et les bains de Puritama

Pour notre avant dernier jour, nous décidons de louer avec nos copains suisses une voiture afin d'aller découvrir le désert de sel et ses lagunes, au Sud de la ville.

On part avec un pique nique et une bonne réserve d'eau. Après une vingtaine de km, on est arrêté à un contrôle routier. Il y a des travaux, impossible d'aller dans le salar aujourd'hui... un peu déçus, on fait demi tour et on réfléchit àux autres possibilités. On décide alors d'aller voir la Quebrada de Jere et une autre lagune, plus au Nord, où il est possible de voir des flamants roses.

Une Quebrada est une sorte de canyon creusé par un cours d'eau. Celle de Jere est très jolie et étonnamment verte au milieu de ce paysage désertique. La présence de l'eau apporté la vie et permet de cultiver des arbres fruitiers. Nous longeons le rio, sautons de pierre en pierre, puis empruntons un chemin plus aride pour nous enfoncer dans le canyon. On observe la présence de quelques petroglyphe, gravés dans la roche des falaises.

Puis après un bon bain de pied pour nous rafraîchir, on part en direction de la lagune.

Après une vingtaine de km, on arrive d'abord aux célèbres "yeux du désert ". Ce sont deux bassins naturels d'eau salée, aux eaux translucides. Il est possible de s'y baigner mais nous n'en n'avons pas le courage.

Plus loin, s'étend l'immense lagune de Terenchique.

On se croirait au bord de la mer mais dans un décor désertique et entouré de sommets enneigés au loin. L'eau prend des teintes incroyables de bleu, de vert et de gris sous les nuages. 

On s'abrite pour pique niquer, car le soleil tape fort.

Nous ne verrons malheureusement pas de flamants roses. Ils sont peut-être de l'autre côté de la lagune, mais la zone est protégée et l'accès limité.

Aprés cette pause ressourçante, on décide de continuer vers la rivière chaude de Puritama, au Nord de San Pedro.

Par une route magnifique, qui s'élève sur l'altiplano, nous arrivons vers 16h à l'entrée du site. La vue sur les montagnes environnantes est grandiose.

Un peu refroidi par l'altitude : on a perdu 5 degrés en quelques km... on emprunte le chemin qui descend à la rivière. Le site est superbe. Un joli rio serpente dans un grand canyon. Les rives sont bordées par des roseaux en fleur. Des gens se baignent dans de grands bassins.

L'eau a l'air bonne. On se motive pour un bain.

On enfile les maillots à toute vitesse dans les vestiaires, puis on se glisse dans l'eau chaude. Quelle délice !

L'eau est à environ 30 degrés. On peut remonter le petit cour d'eau jusqu'à une cascade. Les enfants sont tout heureux et nous éclaboussent. Riwan découvre une petite grotte sous la cascade. Il s'y cache pour nous faire une blague. On se réchauffe, on se détend, dans ce lieu magique.

Quel beau cadeau pour nos derniers moments de voyage.


Le plus dur sera de sortir et se rhabiller rapidement. Le gardien nous pousse vers la sortie. On serait bien restée un peu plus longtemps. Tant pis...

On remonte le chemin et on teste l'écho du canyon. Il nous répond à chaque fois ! Le soleil décline. Le ciel et les montagnes prennent des teintes roses, orangées, jaunes. Décidément, nous ne nous lassera jamais des couchers de soleil sur la Cordillère.

On rentre tout heureux de cette belle journée en compagnie de nos amis.