Depuis notre hotel situé dans le quartier historique, il est facile de se rendre au terminal de bus Quitumbe situé au sud de la ville. Il suffit de prendre le bus C4 depuis la place du théatre. Malo me dit "8 x 2=16, le bus a 16 roues". Il a raison, le bus dans lequel on monte est particulièrement long avec ses 2 tourniquets. 45 minutes plus tard, nous voici au terminal qui ressemble à un aéroport avec à l'étage peut etre plus de 100 guichets d'autobus pour toute les destinations du pays.

Nous embarquons depuis le quai 25 dans un bus a destination de Baeza. Nous attachons les ceintures, puis regardons sur l'écran de télévision central un film violent sur un boxeur noir incarcéré. Il est super fort, il met KO tous ses adversaires. Je surveille également le paysage et le gps. Le bus doit nous arreter à un sommet, à une petite dizaine de kilomètres avant Papallacta. Il n'y a pas de village à cet endroit juste une petite route qui emmène sur les sentiers de randonnée. Le film termine sur une victoire du boxeur, mais il y a aura une suite dans un numéro 2 et nous nous précipitons à l'avant du bus pour sortir. Le chauffeur un peu incrédule car décidément à part un vent assez violent il n'y a rien ici, nous laisse quand meme sortir. Nous enfilons directement les cache-cous et les bonnets chauds en laine achetés sur un marché d'artisan de Quito. On est content de les avoir, à plus de 4000 mètres et avec le vent il ne fait pas chaud ! Au bout de la petite route, un garde du parc national nous fait remplir son registre et nous indique que pour atteindre le campement une bonne marche de 4 ou 5 heures est requise. Je regarde ma montre, il est 13 heures, il ne faut pas trainer. Assez rapidement, nous apercevons une petite plage au bord d'un petit lac et ça tombe bien car c'est l'endroit idéal pour pic niquer. On a faim, on aurait du manger dans le bus pour gagner du temps mais je crois que les coups de poing du type à l'écran nous ont coupé l'appétit. 

L'eau est calme et transparente. Abrité du vent et au soleil, il fait bon. Riwan écrit son nom avec un morceau de bois sur le sable, mais déjà il faut repartir. La route grimpe et au fur et à mesure que nous prenons de l'altitude, nous aperçevons d'autres lagunes éparpillées dans le paysage. Nous prenons le chemin de crete dans le but d'en apercevoir d'autres mais nous nous ravisons. Il y a trop de vent, nous préférons longer le flanc de la montagne.

Le sentier est bien indiqué, nous ne risquons pas de nous perdre. Pourtant a un moment donné, Maud m'indique que les marques sont l'autre coté du ruisseau. En pensant gagner du temps et n'aimant pas du tout revenir en arrière, j'invente une argumentation sur le fait que les routes vont se rejoindre. Après quelques minutes de marche, nous nous rendons compte que ce n'est pas du tout le cas, la route part maintenant dans la direction opposée. On s'arrete pour faire le constat : nous allons etre obligés de passer par les herbes hautes pour rejoindre le bon sentier ! Maud ne dit rien, je sais qu'elle a raison et que j'aurais du l'écouter et qu'on a pas tant que ça de temps à perdre...

Bref pour détendre l'athmosphère, je dis aux enfants : "Regarder la roche là-bas, elle a une forme d'ours". Et tout le monde acquiesce... avant de voir la roche se déplacer. "Un ours, un ours!". Tranquillement, l'ours à lunette avance à découvert sur le flanc de la montagne. Régulièrement, il s'arrete pour nous observer. Il est à 200 mètres, il parait pacifique, nous n'avons pas peur, nous le regardons avancer pendant une minute ou deux avant de disparaitre derrière la montagne. 

Nous sommes enchantés autant que surpris par cette rencontre ! Pour rattraper le sentier, nous passons près de l'endroit ou nous avons vu l'ours. Nous cherchons des empreintes mais elles ne sont pas très nettes. Nous longeons une grande lagune sur un sentier étroit assez accidenté. Malo est essoufflé avec l'altitude. Riwan marche bien mais doit s'arreter régulièrement pour solutionner des problèmes d'intestin. Finalement, nous n'allons pas très vite. Un peu avant 18 heures, nous sommes à un bel endroit près d'un petit lac ou nous pourrions dresser la tente. Après un petit point carte, nous décidons de continuer et d'avancer encore un peu pour atteindre le campement qu'on nous a indiqué.

Ce n'était pas la meilleure décision ! Une demi-heure après, il fait complètement nuit et les frontales allumées, nous marchons. Les enfants sont fatigués, ils ralent. Malo qui a marché dans une flaque a les pieds trempés. Riwan a mal au ventre. Le gps en main, concentrés, nous tentons de trouver ce foutu campement. Il ne semble pas encore tout près. Heureusement, un peu plus loin, la route est un peu plus large et plus facile, ça descend. Les enfants ne disent plus rien, une rando dans le noir, c'est une nouvelle expérience. La nuit est obscure et silencieuse. Un pas devant l'autre, nous avançons. Au bord des deux lagunes banos, le sentier se complique de nouveau. On ne voit pas bien ou mettre les pieds. On avance résigné, les pieds trempés. Et puis apparait une zone à peu près plate, pas trop humide. Ok, on plante la tente !

Une heure après, le ventre à peu près rempli, dans les duvets chauds, nous regardons un petit dessin animé sur la tablette. Nous tentons de nous racheter auprès de nos enfants...

Dans la nuit, je suis le seul à entendre des grognements d'ours au loin...mais je ne dis rien à Riwan et Maud qui ont besoin de sortir de la tente.

Le lendemain matin, nous rigolons tous en remarquant le panneau camping à 30 mètres de la tente ! 

Nous chargeons nos sacs et continuons la rando. Le ciel est couvert, il ne fait pas très chaud, mais l'objectif se rapproche ! Nous marchons bien sur la route large et plutot descendante. Nous nous arretons au bord d'une somptueuse cascade, le temps de faire une photo. Un peu avant Papallacta, le sentier longe une petite rivière bouillonante. Nous aperçevons des lamas dans un pré, mais nous ne nous attardons pas trop.

A midi, arrivé à notre objectif, nous plongeons dans les eaux thermales réputées de cette petite ville. Dans les piscines biens chaudes, nous oublions les efforts de la veille. Nous nous prélassons en regardant ces montagnes qui nous ont fatigués mais aussi tant émerveillés.

C'est un beau cadeau pour cette fin d'année. Le soir, après le bus, de retour a Quito, les enfants sont trop heureux de manger une pizza ! Drole de menu, pour un réveillon de la St-Sylvestre. Pour la première fois à cette occasion, a 8 heures nous sommes tous content de nous glisser au lit !