San Antonio de Prado est une jolie bourgade très animée avec sa grande place pleine de petits commerces ou on peux acheter des jus de fruits frais, des glaces, du café. Ce coin est très prisé des cyclistes qui viennent se dégourdir les pattes le dimanche matin. Le site est situé a 1800 mètres d'altitude et les plus courageux n'en font meme pas une étape et grimpent directement au sommet à plus de 2500 mètres.

La casa de ciclista dont nous avons entendu parler est situé à quelques kilomètres du bourg, adossé à la montagne, faisant face à la rivière. Autour, ce ne sont que champs bien verts mais très pentu. Les vaches y sont bien heureuses dans leur grands espaces. Depuis la terrasse de la casa, on aperçoit des coupeurs de canne ou des paysans qui grimpent avec leurs mules. Le cadre nous séduit tout de suite. Medellin est une ville très arborée avec de nombreux parcs mais très bruyante. Ici, ce sont les chants des oiseaux et le bruit de la rivière qui viennent animer les villages.

Manuel et Martha ont cree la casa de ciclista il y a plus de 10 ans afin de partager leur passion pour le velo et leur connaissance du terrain avec les cyclistes de la region ou les touristes. On peut y dormir et se reposer, il y a une cuisine un peu rustique, une terrasse que des cyclistes ont bricolés il y a quelques années. C'est une maison autogérée, chacun fait le ménage et achète de quoi faire fonctionner le lieu. On peux aussi acheter du materiel de velo et bricoler. Paolo qui partage le lieu avec nous fabrique des portes bagages pour Manuel. Il n'a pas pour longtemps a en adapter un sur le vélo de Malo qui en est dépourvu.

Mais surtout ce lieux sert a partager ses experiences. Les cyclistes que nous avons rencontrer remontaient pour la plupart de Patagonie et remontait sur l'amérique centrale, meme le Canada pour certains. Les bons endroits, les bonnes routes sont des informations précieuses pour le voyage et entre cyclistes la solidarité est de mise.

Manuel, vient régulièrement discuter avec les voyageurs. Nous aimons profiter de ces conseils, il connait bien toute la région et en plus il sait parler lentement et se faire comprendre.

Ce lieux nous semble une aubaine sur notre démarrage de voyage. Nous sommes bien conscient que notre entrainement breton n'est pas suffisant pour defier les montagnes ! Nous décidons de rester quelques jours et de s'entrainer sérieusement pour préparer notre périple. Manuel nous encourage à fond dans notre projet et nous invite a rester le temps qu'on veut.

Ici, c'est le lieux idéal pour s'entrainer. San Antonio n'est pas loin, mais ça grimpe fort pour y aller et pour revenir : ces dénivellés effectués quotidiennement constituent un entrainement physique intéressant. Il n'est pas toujours évident de motiver les garçons ! La montagne a beau etre sublime, la difficultée est bien présente. Riwan qui préfère se mettre en danseuse et affronter la cote physiquement a souvent les jambes coupées par l'effort et doit faire des pauses pour reprendre son souffle. Il est bien courageux notre Riwan son petit frère est le plus souvent tiré par son papa. L'arrivée a San Antonio est toujours une fete, ou on célèbre a chaque fois une mini victoire a coup de glaces bien rafraichissantes et de jus de fruits frais qui effacent nos douleurs...

Au bout de quelques jours on sent qu'on progresse. Le souffle est meilleur, les jambes suivent mieux. Malheureusement, le 4eme jour, le porte-bagage du velo de Riwan se decroche et c'est la chute... Des erafflures, un bel hemathome et une grosse frayeure pour nous tous. On rentre peneaux, on soigne les bobos: vive l'arnica! L'hemathome se resorbe vite. Les bobos aussi grace a l'argile. Son epaule le fera souffrir quelques jours: rien de visible, mais elle a encaisse le choc. Le lendemain, on revise tous les velos. On verifie les ecrous, on rajoute du frein-filet, on remplace les freins en résine bas de gamme par des freins en alu bien plus efficace... La veille, un tout droit de Riwan dans la descente aurait pu mal finir...

Pendant ce temps la vie a la casa bat son plein. Un groupe de 4 cyclistes chilien et sud argentins a débarqués. Ce sont des artistes qui voyagent depuis 2 ans en vélo. Ils jonglent avec des quilles, des balles, ils jouent de la guitare... Ils sont munis de plein d'instruments qui pèsent lours et sont volumineux et pourtant leurs vélos ne ressemblent à rien. Des bidons découpés en guise de sacoches, des vieilles chambres à air tendeur et un vélo n'a pas de vitesse ! Ils n'ont pas d'argent, cette casa est pour eux une aubaine pour venir se reposer quelques jours. On partagera quelqu'uns de nos repas avec eux, ces jeunes sont bien sympatiques et leurs avenir bien incertains. En tous cas, ils profitent de la vie et le vélo leur procure la liberté et l'espoir dont ils ont besoins.

Le dimanche lorsqu'ils partent, nous avons un pincement au coeur, après avoir passés 5 jours ensembles, nous avons l'impression de les connaitre, un peu car malgré tout notre espagnol ne nous permettait pas de discuter de tous les sujets evec eux. Nous les accompagnons jusqu'a San Antonio, l'occasion pour nous de continuer l'entrainement. Nous avons prévu une ballade a vélo avec Manuel et Marta. Cette ballade avec le pic nic nous ravie. La montagne est splendide et puis au bout d'une semaine, on sent que les jambes et le souffle sont au rendez-vous. On rentre sous la pluie. On sait quelle peut etre très violente ici. Quelques jours auparavant, un déluge s'est abbatu sur la casa, c'était tellement violent que l'eau rentrait par le toit et on n'avait pas assez de casseroles pour mettres sous les fuites. On se dépeche donc de rentrer, on emprunte un sentier idéal pour les VTT. Ces dans ces circonstances que Malo fait une petite glissade sur le sol mouillé, heureuseusement sans gravité. Un pansement et on arrive a la casa pas trop trempé.

On a pris conseil sur les itineraires possibles et apres pas mal de discussions avec Manuel et un couple de Suisse bien sympatique qui termine leur voyage de 10 mois, on decide de partir le mardi 9 octobre.

Le lendemain matin c'est la deconfiture... Il a plu toute la nuit et ca continue. La rivière gronde et est chargée de terre. Les routes sont trempees, la terre a glisse sur la chaussee... On attend... On nous conseille d'attendre le lendemain... Mais la meteo annonce de la pluie toute la semaine... Finalement, a 13h, la pluie s'arrete. On decide de partir, les ponchos pres a etre enfiles. On y va tranquille, on veut eviter une nouvelle chute. Finalement, c'etait la bonne decision. Des que le soleil sort, la route sèche rapidement. A 14h30 on amorce la pente qui descend sur Caldas. 7 km de descente nous attendent. On les avale avec excitation mais modération. Tout se passe bien, on est content. Un petit detour pour retirer de l'argent et la pluie s' y remet. Par hasard, il ne faut pas toujours écouter son gps, on trouve une super echoppe:on boit un tinto (le cafe local), on mange une patisserie a la patte de goyave, nos preferees puis on repart. Cap sur Caldas. La route est assez chouette malgre la circulation. On arrive juste avant la nuit.

C'est la fete de l'averse a Caldas, elle porte bien son nom ! La place centrale est animee. Les enfants vont jouer dans un manège à boules. Depuis la terrasse du bar ou on savoure nos bières, on les surveille. Mais pas de chute ce coup-ci. Lorsque l'on rentre à l'hotel il fait bien nuit. On est vraiment parti ! On est super fiers, nos enfants sont super courageux ! Demain, on continue la route !