Un long chemin mène au domaine de Christian. C'est un endroit isolé en pleine nature. On y accède par la maison de ses parents au bord de la route puis on traverse l'exploitation. Ce qui surprend au premier abord, c'est qu'il n'y a pas de grandes étendues de champs ou poussent bien alignés des bananiers ou des caféiers. Non ici, les plantations poussent dans le respect de la nature dans une végétation luxuriante ou les fruitiers côtoient les grands arbres dans une parfaite harmonie. Les bananiers sont bien présents, il y a même huit variétés dont certains ont une taille impressionnante mais ils jouxtent des orangers dont les branches ploient sous les fruits, des avocatiers, des cacaoyers, quelques papayers. 

On se sent bien sur ce sentier bercé par les chants des oiseaux et des insectes. Un peu seul au monde peut être dans cette nature apprivoisée, car à part le père de Christian qui arpente de temps en temps les sentiers etroits avec son cheval chargé de fruits ou son grand-père qui ramène quelques vaches, il n'y a pas d'autres ouvriers agricoles dans cette petite exploitation familiale. 

Le sentier traverse un ruisseau, monte, descend, tournicote encore un peu dans la forêt puis se transforme en un bel escalier en terre. Quatre vingt marches plus loin, on accède enfin a la crête ou sont installés des constructions en bambou.


Ce sont dix petites minutes de marche, mais l'après midi ou nous sommes arrivés, la pluie s'est invité également sur le chemin et c'est trempé de la tête aux pieds que nous découvrons l'endroit. Que c'est beau ! Quelques constructions en bambou sur une petite esplanade entourée par une nature coloré. 


Entre les piliers en bambou d'une grande cabane octogonale est attaché un hamac a côté d'une tente. C'est celle de Marie, une colombienne de Bogota qui est ici depuis une dizaine de jours. Elle nous montre les lieux. On accède à l'étage par une grande échelle de bambou. De là haut, nous devons sans doute avoir une superbe vue sur la vallée. On décide d'y installer notre tente. Un peu plus bas sur le sentier qui mène aux nouvelles toilettes sèches, a côté de la serre ou pousse des plantes médicinales, Marie nous montre le fonctionnement de la douche. Il suffit de tirer une cordelette pour actionner un robinet situé quelques mètres plus haut pour que l'eau jaillisse d'une longue gouttière en bambou. Nous trouverons cette petite cascade bien agréable et rafraîchissante après une journée de travail.

Nous sommes en effet volontaires dans cette petite ferme en permaculture et travaillons quelques heures par jour pour aider Christian. La construction d'une cabane sur pilotis nous demande pas mal d'effort mais c'est avec une grande satisfaction que l'on observe la progression de l'édifice. Les bambous coupés a la bonne lune sont noyés dans le béton pour constituer la structure. Le plancher est constitué de planche de bois directement taillés a la tronçonneuse par le père de Christian. Le toit enfin est réalisé avec près de 200 feuilles de palmes coupées en deux et pliées soigneusement. C'est fantastique de travailler avec tous ces matériaux qui viennent du domaine. En trois semaines, nous ne terminerons pas complètement le travail, la pluie nous ayant un peu interrompu surtout la dernière semaine. Mais nous sommes heureux d'avoir pu participé a toutes les étapes de la construction depuis le creusement des trous pour les piliers jusqu'à la mise en place des voliges en passant par la coupe des bambous, des planches et des feuilles de palme.

Nous avons également restauré un escalier en terre que la pluie avait malmené et terminer des toilettes sèches. Les enfants pendant ce temps ont découvert la fabrication du chocolat et ont moulu quelques kilos de graines de cacao. Ils ont aussi créer des petites voitures avec l'argile trouvée dans le petit ruisseau du bas.


(A suivre)