1er avril : non ce n’est pas un poisson d’avril, on va à Caraz, au nord du Pérou, retrouver nos amis cyclistes ! Cela n’a pas été facile de les rejoindre. La route de Colombie en Equateur qui remonte la vallée de la Cauca sur laquelle nous étions arrivée, était coupée par les indigènes en aval de Popayan, en guise de protestation. Qu’à cela ne tienne, nous prendrons l’avion pour Popayan, mais au moment d’embarquer, on nous annonce que la route est également coupée par un glissement de terrain (derrumbe) en amont. Il nous faut donc rebrousser chemin en avion de Cali à Bogota puis reprendre un avion pour Pasto, non loin de la frontière équatorienne. Et nous qui voulions tout faire en bus ! La suite sera plus tranquille, Ipiales, Quito, Cuenca et le Pérou, Chiclayo, Trujillo, Chimbote… et enfin Caraz ! 

Quelle joie de retrouver Malo, Riwan, Maud et Olivier dans une rue non loin de la plaza de armas ! Après une bonne glace, nous allons voir leur campement dans le merveilleux Hostal Dulzura qu’ils ont déniché. 

Nous avons réussi notre mission, leur amener de France une nouvelle tablette. Mais poisson d’avril oblige, nous leur annonçons que nous l’avons oubliée à l’auberge de jeunesse de Trujillo ! De leur côté, Riwan et Malo nous accrochent de magnifiques poissons d’avril dans le dos. Riwan a inventé un jeu avec de nombreux dessins de poissons découpés soigneusement :

- ¿ Qual es mas forte ? ¿ Qual es el mas rapido ? ¿ Qual es mas… 

Malo et lui manient la langue de Cervantes avec brio, roulant les R comme un autochtone. Heureusement, la méthode Assimil nous permet de nous débrouiller en espagnol. Et comme nos amis l’ont aussi étudiée, on a des références communes et on rigole bien avec des phrases aussi drôles qu’inutiles comme le dialogue suivant que nous savons tous par cœur !

- ¡ Le ruego que salga del agua ! (Je vous prie de sortir de l’eau !)

- ¿ Qué he hecho ? (Qu’est-ce que j’ai fait ?)

- ¡ Has meado en la agua ! (Vous avez pissé dans l’eau !)

- ¿ No me va a decir que soy el unico que hace pis en la piscina ? (Vous n’allez pas me dire que je suis le seul qui fait pipi dans la piscine ?)

- ¡ Si, desde el trampolin, usted es el unico ! (Si, du haut du plongeoir, vous êtes le seul !)

Nous allons passer cinq jours magnifiques à Caraz, sous un temps de plus en plus radieux. Les deux derniers jours, les nuages accrochés aux montagnes se dispersent et on admire les deux majestueux sommets enneigés des Andes blanches, le Huanday (6160m) et le Huascaran (6768m) qui dominent la ville. 

Maud et Olivier ont décrit par ailleurs ce séjour, mais il nous faut raconter la journée avec Riwan et Malo, alors que leurs parents randonnaient à l’assaut de la laguna de Paron. Avant de faire nos courses au marché, nous buvons un bon jus de fruit. Riwan et Malo achètent des tomates, des bananes, des « paltas » (avocats) Ils comptent habilement les pesos péruviens. Riwan tient à s’acheter de l’ail ! On rentre manger à l’hôtel. L’après-midi, nous allons au stade de Caraz. Alexander, le « portero » (gardien de but) et ses amis jouent au foot avec nous, puis nous leur apprenons à jouer aux « moscas » (les mouches), jeu qui remporte un vif succès. Chacun reçoit le ballon et collectionne les mouches ainsi distribuées. Lorsqu’on ouvre les mains par inadvertance, les mouches s’envolent, et il faut alors recommencer à zéro. Quand on atteint dix mouches (on compte en espagnol bien sûr), on devient distributeur de mouches. Les enfants rient, nous passons un excellent moment avec Alexander et ses copains ! 

Nous décidons d’accompagner nos amis jusqu’à Lima, où nos chemins se sépareront, eux pour Cuzco et nous pour le Chili. Nous prenons un « collectivo » (bus) pour Chimbote, par la fameuse route du canyon du Pato et ses 35 tunnels qu’Olivier fera à vélo. A Chimbote, Olivier négociera un bus de nuit avec « semi cama » (siège incliné à 160°) pour VIP (3 rangées de fauteuils au lieu de 4) pour un prix de bus normal ! En effet, les vélos ne peuvent pas être hissés sur le toit des bus habituels, qui ont deux étages ; il faut donc impérativement prendre un bus VIP à un étage, qui possède une grande « bodega », soute où les vélos rentrent aisément. 

Le bus ne partant qu’à 23h30, il est 17h30, il nous reste du temps ! La mer est trop loin pour aller faire un tour à vélo, nous improvisons alors une partie de foot… dans le terminal de bus ! Nous ne sommes sans doute pas les premiers, il y a deux cages de but ! La nuit tombée, on mange dans un des restaurants de la gare routière où on fait toutes sortes de jeux de société. 

Dimanche 7 avril, on se réveille à la gare routière de Lima. Les restaurants sont fermés, on ne prendra même pas un bon « desajuno » (petit-déjeuner) avec nos amis, et la séparation est trop rapide ! Il n’empêche, cette petite semaine passée en leur compagnie a été une des plus belles de notre voyage sud-américain ! 

- ¡ Sega no mas ! Continuez bien votre super voyage, les amis, avec plein de belles rencontres ! 

Yves